Calendrier Etymologique
Les origines des superstitions sont parfois bien difficiles à démêler. Combien de gens pourraient chanter comme le bon roi Laurent XVII, dans la mascotte :
Un rien me bouleverse,
Sans hésiter, je crois
Au sel que l'on renverse,
Aux couteaux mis en croix...
Et combien peu pourraient expliquer les raisons de cette croyance : qu'une salière pleine, renversée sur une table, est le précurseur d'une fâcheuse nouvelle.
Un chercheur érudit a pensé trouver l'origine de cette superstition dans la Sainte Cène, le tableau de Léornard de Vinci. On y voit, en effet, une salière renversée devant un personnage que son sac de cuir fait aisément reconnaître pour Judas Iscariote, le disciple traître et maudit.
Ne faut-il pas croire que le préjugé remonte beaucoup plus haut et date des Romains, qui répandaient bien à tort du sel sur les champs qu'ils voulaient rendre stériles. Peu à peu, l'idée de stérilité évoqué par le sel fut celle de désolation, de ruines.
Les habitants de la haute Italie, au moyen âge, semèrent ainsi du sel sur les ruines des villages ou des châteaux de leurs ennemis pour les empêcher de se rebâtir ; toujours le symbole de la stérilité.
C'est évidemment là que Léonard de Vinci a pris l'idée de la salière renversée qu'il a mise dans son tableau.
Voilà donc une superstition causée par une hérésie agricole.