Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog du passé
8 octobre 2008

Anecdotes sur les boeufs et les vaches

Il y a pas en apparence d'animal plus sacrifié que le boeuf. La charrue et l'abattoir, telles sont les douloureuse étapes de la carrière de la pauvre bête de somme. Aucun travail n'est trop dur pour le boeuf ; attelé à son frère de labour - car les boeufs sont toujours deux par deux, - il traîne sur les routes des arbres énormes que le cheval le plus robuste ne pourrait mettre en mouvement. Et Nivernais ou Normand, eût-il été primé au concours régional, fût-il revêtu de cette belle robe blanche marquée de roux que le chansonnier Pierre Dupont aimait tant, il est condamné à être mangé par l'homme. bovin05
La vie du boeuf n'est pourtant pas sans gloire.
Il a traîné les rois de France, les derniers Mérovingiens, les rois fainéants dont vous connaissez l'histoire.
Sous le nom de boeuf Apis, il fut même adoré par les Égyptiens. Le boeuf Apis, nous apprend la légende, devait être d'un noir d'ébène, avoir sur le front un carré d'une blancheur éclatante, sur le côté droit, une marque blanche de la forme d'un croissant, sur le dos l'empreinte d'un aigle. Il est permis de supposer que la peinture venait discrètement en aide à la nature.
Quand l'idole arrivait à l'expiration des vingt-cinq années que les Égyptiens lui avaient assignées comme terme de son règne, elle était conduite, attachée avec des fleures, jusqu'au bord d'une fontaine sacrée, et précipitée dans les eaux. On lui faisait des funérailles magnifiques, et on la déposait dans un sarcophage en albâtre, où elle restait exposée aux pieux regards des fidèles, jusqu'à ce qu'on lui eût découvert un successeur.
Cette recherche était parfois difficile. Cyrus, roi des Perses, avait un jour promis cent talents - monnaie d'alors - à qui lui amènerait un de ces précieux animaux. Mais son successeur Cambyse, prince fameux par ses accès de colère, ayant conquis l'Egypte, entra l'épée à la main dans le temple de Menphis et immola au milieu des prêtres le boeuf sacré ! Le peuple, qui souffrait alors de famine, ne s'émut pas outre mesure du sacrilège, et, depuis, la personne du boeuf Apis ne fut plus inviolable.
Voilà de l'histoire très ancienne. Mais si d'Egypte  nous passons dans l'Inde, nous verrons que boeuf y était, au commencement du XIXe siècle, et y est sans doute encore l'objet d'un culte véritable. Pendant une horrible disette qui désola le pays vers 1812, onze Hindous payèrent de leur vie le crime d'avoir dévoré une vache. Les taureaux, désignés au respect sous le nom de taureaux brahmines (les brahmines sont des prêtres hindous) et portant comme les bisons une bosse entre les deux épaules, passent leur vie dans les dépendances des temples, à moins qu'ils ne préfèrent élire domicile dans les maisons, dont la porte est toujours ouverte.
Ils se promènent dans les bazars, goûtent aux grains, aux fruits, aux légumes que les marchands leur offrent avec empressement ; le peuple crédule vénère ces idoles parce qu'elles sont consacrées au dieu Siva. Mourir dans les eaux du Gange, en tenant un boeuf ou une vache par la queue, est pour l'Hindou le plus sûr moyen yherbi14d'être heureux après la mort.
Tout cela nous entraîne loin de nos vaches laitières.
Rappelons pourtant l'anecdote touchante qui montre Fénelon, l'auteur de Télémaque, ramenant par la bride, en pleine nuit, à des villageois des environs de Cambrai, une vache que tout le monde croyait perdue. On porta le bon évêque en triomphe : il l'avait bien mérité.

Article de 1902/1903

Publicité
Publicité
Commentaires
Le blog du passé
Publicité
Archives
Le blog du passé
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 449 980
Publicité