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Le blog du passé
21 janvier 2013

Le verset de la délivrance

Le simple fait de savoir par coeur le premier verset du psaume 50 de la Bible permet à un meurtrier d'échapper au gibet - du moins, selon la loi anglaise en vigueur au Moyen Âge.
A cette époque, les tribunaux laïcs sont sévères et la condamnation à mort est prononcée aussi bien pour la trahison que pour le vol d'un cheval. Mais pour  les tribunaux ecclésiastiques, la sentence de mort n'existe pas. Tout lien - si mince soit-il - avec l'Eglise permet de comparaître devant un tribunal clérical, ce qui peut vous sauver la vie. Et ce lien est facile à prouver : savoir lire, c'est être manifestement un clerc qui peut prétendre à "l'avantage du clergé", une loi exemptant de la peine la plus sévère. Ceux qui ne savent pas lire - la grande majorité de la population à l'époque - apprennent par coeur ce qu'on appelle familièrement "le verset de la hart".
En récitant le premier verset du psaume 50 - "Ayez pitié de moi, mon Dieu, selon votre grande miséricorde - Et selon la multitude de vos bontés, daignez détruire et effacer mon iniquité", le contrevenant peut invoquer cet "avantage du clergé". Les abus furent nombreux, mais cela sauva néanmoins la vie de bon nombre de petits truands.
Lorsqu'en 1509, Henri VIII monte sur le trône, si nombreux sont ceux qui prétendent avoir un lien avec les cathédrales, collèges et monastères, eux-mêmes en nombre croissant, que des centaines de milliers de contrevenants invoquent ce privilège. Mais jusqu'en 1692, à l'exception des religieuses, les femmes ne pouvaient y prétendre et encore, à partir de cette date, seulement les femmes mariées.
Lorsque l'épreuve de la lecture est abolie en 1705, tout le monde peut invoquer l'avantage du clergé pour un premier délit. Par la suite, cependant, beaucoup de lois stipuleront expressément que la peine n'est pas sujette "à l'avantage du clergé". Cette coutume sera abolie en Angleterre en 1841.
Aux États-Unis, où les premiers colons anglais avaient introduit cette loi dès qu'ils s'étaient installés, elle fut révoquée pour tous les crimes fédéraux en 1790, et disparaît dès le milieu du XIX siècle.

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