Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog du passé
4 octobre 2007

Un désespoir tragique

Un gentilhomme, du côté de Villers-Cotterets, allant d'un endroit à un autre, à cheval avec son valet, fut attaqué dans un bois par un jeune homme qui lui demanda sa bourse où il y avait cinquante louis, sa montre, avec un cachet d'or, lui prit ses chevaux, et le laissa aller à pied, assez embarrassé de ce qu'il ferait. En marchant, il aperçut une maison qui avait belle apparence ; il envoya son laquais pour s'informer qui l'habitait. Il apprit avec joie que c'était un officier avec lequel il avait longtemps servi, et qu'il était son bon ami ; il se trouva heureux dans sa disgrâce de rencontre justement son camarade qu'il connaissait pour un parfait honnête homme ; il en fut très bien reçu. Ils parlèrent de la malheureuse aventure qui leur avait procuré le plaisir de se revoir ; le maître de la maison offrit sa bourse et sa personne à son ami.gpalacew15
Quelques moments après le souper, un jeune homme entra, que le gentilhomme reconnut pour être celui qui l'avait dévalisé, et il fut bien surpris quand l'officier le lui présenta comme son fils ; il ne dit mot et se retira d'abord après souper dans sa chambre.
Son laquais très effrayé lui dit : "Monsieur, nous sommes dans un coupe-gorge ; le fils de la maison est notre voleur, et nos chevaux sont dans l'écurie." Le gentilhomme lui défendit de parler, et avant que personne ne fût levé dans la maison, il alla dans la chambre de son ami, et le réveilla en lui disant que c'était avec une grande douleur qu'il se trouvait obligé de lui apprendre que son fils était le même homme qui l'avait dévalisé la veille ; qu'il avait cru, après s'être consulté, qu'il valait mieux lui apprendre le détestable métier de son fils que s'il venait à en être informé par la justice ; ce qui ne pouvait manquer tôt ou tard d'arriver.
Le désespoir du père fut inconcevable : la surprise, la douleur lui donnèrent un si violent saisissement qu'il s'évanouit ; ensuite, l'emportement, la fureur succédant, il monte à la chambre de son fils, qui dormait, ou feignait de dormir, il trouve sur sa table la montre et le cachet où étaient les armes de son ami. Le fils entend le bruit ; effrayé, il se lève, veut s'enfuir. Des pistolet se trouvent sur la table. Le  père, troublé par la colère, en prend un, tire et tue son malheureux fils. Il est venu tout de suite demander sa grâce : tout le monde a été d'avis qu'on la lui donnât. Le cas est excusable dans un premier mouvement d'une colère aussi légitime. Un honnête homme trouvant dans son fils un voleur de grand chemin est un chagrin si vif que le tête peut bien lui en tourner.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le blog du passé
Publicité
Archives
Le blog du passé
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 449 964
Publicité