Pionnier de la radiothérapie du cancer en 1896

Victor Despeignes (1866-1937)

Aux Echelles, le visiteur peut remarquer une plaque apposée sur une maison de la rue Commandeur avec cette inscription : "Ici, en juillet 1896, Dr Victor Despeignes à découvert la radiothérapie du cancer".
Victor Despeignes est né le 14 février 1866, à Lyon, où son père était directeur du Mont-de-Piété. Après des études classiques, il effectuera ses études de médecine à la faculté de Lyon.
Attiré par la biologie, il ne poursuivra pas la voie hospitalière, mais entrera à la faculté dans le département de la zoologie. Il y soutiendra en 1890 sa thèse de doctorat avec pour sujet : "L'étude ses microbes des eaux de Lyon."
A la veille de l'agrégation, il renoncera, sur un coup de tête, à toutes perspectives universitaires et se précipite sur le premier poste de médecin praticien offert, à Buis-les-Baronnies. En 1895, il vient s'installer aux Echelles.
En 1896, un de ses malades est atteint d'un cancer de l'estomac, à un stade très avancé, il décide de lui appliquer un nouveau traitement, encore inconnu. En effet, il avait été intéressé par des expériences sur des cobayes exposés aux irradiations des rayons X, découvert en 1895 par Röntgen.
Persuadé que le cancer est une maladie parasitaire, il pense que ces rayons pourraient exercer une action inhibitrice sur le développement de la tumeur ; il soumet donc son malade à l'action des rayons à l'aide d'un appareillage de sa fabrication.
Dans la revue Lyon Médical de 1896, Victor Despeignes rapporte :
"A partir du 4 juillet, je pus soumettre le malade chaque jour à deux séance d'une demi-heure pendant lesquelles je dirigeais sur la tumeur les rayons émanant d'une ampoule en forme de poire, me servant d'une bobine donnant des étincelles de 5 mm et actionnée par six éléments de pile Radiguet.
Au bout de 8 jours d'un tel traitement, je constatai une amélioration très notable de la douleur qui ne nécessitait plus l'emploi des narcotiques, une amélioration considérable et subite de  l'état général et surtout une diminution considérable du volume de la tumeur.
... Quoique la terminaison ait été fatale, nous nous demandons si, ayant affaire à un cas moins avancé, on ne pourrait pas espérer une guérison..."
La tentative du Dr Despeignes n'eut pas un très grand retentissement. Ce n'est qu'à partir de 1920 que l'on reconnut en cancérologie ce précurseur d'une méthode qui allait connaître la destinée que l'on sait.
Revenant à sa première passion pour la recherche scientifique, il deviendra directeur du Bureau d'Hygiène de Chambéry, créée en 1907. Il y adjoindra un laboratoire municipal d'analyses et de recherches bactériologiques.
C'est dans son laboratoire où il travailla durant 30 ans qu'il succombera à une hémorragie, le 27 juillet 1937.