Ligier-Richier
La vie du grand sculpteur français Ligier-Richier est presque inconnue, et ce que l'on en sait tient de la légende. On prétendque Michel-Ange, passant par Nancy, rencontra aux environs de Saint-Mihiel (Meuse) un petit pâtre de bestiaux qui modelait des bonshommes avec de la terre glaise. Le grand artiste, frappé de l'originalité et de la puissance de ces naïves ébauches, avait emmené avec lui à Rome Richier, qui, après un séjour de cinq ou six années, revint en Lorraine vers 1521. Il était tout jeune, car on fixe la date incertaine de sa naissance à la fin du XVe siècle ou au commencement du XVIe. Ligier commença par décorer des maisons, puis, sa réputation s'étant agrandi, il aborda les grandes compositions et sculpta dans l'église de Hattenchatel un très beau Calvaire. Ses deux ouvrages les plus remarquables sont le Sépulcre de l'église Saint-Etienne à Saint-Mihiel, et le Squelette du tombeau de René de Châlons dans l'église de Saint-Pierre, à Bar-le-Duc. Ses figures, aussi belles que les nymphes de Jean Goujon, mais belles de la beauté chrétienne, réunissent la naïveté et l'habileté du praticien consommé la vigueur et la largeur aux délicatesses du fini. Le Squelette produit un effet saisissant, on peut dire épouvantable. Jamais sculpture française ne produisit une oeuvre plus réaliste. Ligier-Richier mourut ver 1572.
Paru dans le Monde de la Jeunesse 1893