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Le blog du passé
25 février 2007

Ce que nous devons aux premiers hommes

A l'époque de la pierre taillée, soulèvements et affaissements agitent l'écorce terrestre. Les glaciers vont et viennent : d'où des bouleversements profonds dans la faune et la flore ; tantôt, lion, panthère, hippopotame, éléphant, mammouth vivent sur notre sol : tantôt, c'est le renne qui se multiplie. Tandis que se produisent ces oscillations formidables, l'homme, dont le cerveau se développe et qui de plus en plus se tient droit, prélude à son règne futur en fabriquant ses premiers outils... Peu d'objets sont aussi émouvants que ces outils qui nous content à larges traits l'histoire de nos lointains aïeux. Les hommes qui, au cours des siècles ou plutôt des millénaires, les ont lentement perfectionnés sont souvent traités avec quelque dédain de "primitifs" et de "barbares". Injustice et ingratitude ! Les résultats qu'ils ont obtenus peuvent nous paraître minces et, quand nous les imaginons réfugiés dans des cavernes où s'entassent os brisés et viandes putréfiées, nous les déclarons à bon droit misérables. Mais c'est à cette misère même qu'il faut, au prix de mille difficultés, de mille périls, se procurer la nourriture quotidienne ; et, au lieu de se laisser abêtir par cette tâche, ils demandent à l'esprit les moyens de la rendre moins ardue : tel perfectionnement à un outil représente un long effort d'observation, de réflexion ; l'art de produire et d'utiliser le feu représente une victoire humaine autrement importante que tant de batailles dont le nom est resté célèbre.

Ces "sauvages" ont le sens de la beauté ; ils se peignent, se parent de bracelets, de colliers, de couronnes. Chose inattendue, admirable, il y a un art paléolithique... Les hommes tentent des représentations humaines et animales ; ils sculptent sur l'ivoire, peignent sur les parois des cavernes chevaux, bisons, sangliers, buffles, rennes... Les artistes d'alors excellent à discerner l'originalité des formes animales, à saisir une allure, à rendre un élan. Ils savent regarder et ils savent choisir. Il y a déjà en eux cet amour du vrai, ce sens de la vie qui seront les principes essentiels de l'art.

Gardons-nous donc de parler avec dédain de cet âge de la pierre taillée que les efforts de la science moderne commencent à faire revivre. Ces groupes humains furent misérables si nous comparons leur existence à la nôtre. Mais de toutes les gestes illustres qui se sont déroulées sur notre sol, quelle est celle qui vaut la leur ? Ils ont été les initiateurs. Au prix d'un long et douloureux effort, ils se sont arrachés à l'animalité, ils ont commencé à dompter la matière, ils ont connu la beauté. Si l'humanité d'aujourd'hui voit s'ouvrir devant elle des espérances illimitées, elle le doit d'abord à ces ancêtres qui, taillant des silex ou traçant des images, ont fait le grand geste de libération.

Albert Bayet

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