Vacher l'éventreur

Nous sommes en 1890. Un jeune homme lit passionnément les comptes rendus des journaux qui consacrent leurs colonnes à l'épouvantable assassin des prostituées londonniennes, Jack l'Eventreur. Ce jeune homme, qui découpe tous les articles qu'il trouve sur le personnage qui le fascine, est le fils d'une bonne famille de cultivateurs de l'Isère. Une de ces familles où l'on apprend à respecter Dieu, le travail, les choses essentielles de cette époque où la vie en province n'avait guère changé depuis des siècles, une vie rythmée seulement par le jour qui se lève, l'heure des repas calmement pris autour de la grande table familiale, et le coucher du soleil. Ce jeune homme s'appelle Joseph Vacher. Il est né en 1869 et jusqu'à huit ans, il a mené une existence parfaitement normale. Et puis, survient un accident anodin en apparence, mais qui va changer le comportement de l'enfant. Le petit Joseph est mordu par un chien. Un chien que l'on dit enragé, et que l'on abat aussitôt. Les parents conduisent leur fils blessé à un rebouteux, un vieil homme qui fait office de médecin, de pharmacien et de sorcier. L'homme administre au petit Joseph des potions, des liquides, des poudres. A cette époque, Pasteur n'a pas encore découvert le sérum contre la rage, et les remèdes administrés, s'ils sauvent le petit Joseph de la mort, laissent en lui quelque chose d'étrange et inquiétant...
Il devient nerveux, a de fréquents cauchemars. La nuit, il pleure, il crie. Et au fil des mois, le petit Joseph commence à montrer des tendances cruelles, morbides. Les parents, troublés, n'arrivent à le placer nulle part. Personne ne veut prendre la responsabilité de cet enfant querelleur, violent, cruel, et qui a mauvais genre...
En désespoir de cause, on le confie aux pères maristes de Saint-Denis-Laval. La famille a le secret espoir qu'une vie de piété exorcisera les mauvais penchants de Joseph. Hélas, deux ans ne se sont pas écoulés que Joseph Vacher est renvoyé après une désolante affaire de moeurs... Puis vient le temps la période militaire. Joseph Vacher est incorporé dans le 60e régiment d'Infanterie stationné à Besaçon. Et là, le jeune homme semble accepter la discipline. On remarque seulement, avec un peu d'inquiétude, qu'il est capable d'entrer dans de violentes colères. Des périodes de fureur alternent avec les moments de dépression. Ainsi il tente de s'ouvrir les veines, parce qu'on tarde à le nommer caporal. Mais sa conduite est bonne, et il finit par être promu sergent. La famille Vacher, soulagée, espère que Joseph va poursuivre une carrière qui semble bien partie... Hélas, un inconnu allait surgir, qui allait tout bouleverser, qui allait débrider les mauvais instincts du jeune sergent. Cet inconnu, c'était Jack L'Eventreur...

A suivre...