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Le blog du passé
18 décembre 2006

Noël ! Noël ! (suite)

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Ce procédé discourtois et barbare souleva une réprobation générale et Mme de Flavacourt eut au moins cette satisfaction platonique, qui calma un peu son violent dépit contrastant avec la placidité de sa soeur.
- Je ne sais à quoi pense cette pauvre la Tournelle, répétait-elle en haussant les épaules, elle ne s'agite, ni ne s'émeut ; et, sans moi, elle coucherait à la belle étoile !
Mme de la Tournelle n'eût certes pas manqué d'asiles ni de consolateurs, si elle eût voulu s'en donner la peine et toutes les portes se fussent ouvertes devant elle, même celle du maréchal de Richelieu, qui se piquait cependant d'y laisser attendre des princesses de sang...
Mais la jolie marquise avait des visées plus hautes : les cadettes de la Maison de Nesles prétendant valoir leurs aînées, tout comme les Bourbons.
Tandis que sa soeur courait les salons et les ruelles pour y porter ses doléances, elle, assise au coin d'un feu mourant, rêvait, le front dans sa main, en agitant nerveusement son petit pied.
A qui ? A quoi ? - A une rencontre faite, l'hiver précédent, dans ce bois de Marly, propice aux galants rendez-vous.
A un beau gentilhomme qui l'avait saluée très bas et l'aurait peut-être abordée, sans la révérence cérémonieuse et glacée de sa grand'mère, qui l'accompagnait hélas ! et l'avait entraînée bien vite, comme si elle avait vu le loup !
C'était le Roi ! Mais la vieille duchesse ne partageait nullement la morale facile de l'époque, estimant qu'un déshonneur royal "n'a rien qui déshonore" ; et, déjà outrée de l'inconduite de ses petites-filles de Mailly de Vintimille, elle veillait sur les autres avec un soin jaloux, ce qui était fort égal à Mme de Flavacourt qui adorait son mari, mais causait un vif dépit à sa soeur, qui n'avait plus de mari à aimer et enrageait d'être ainsi tenue sous le boisseau. Aussi songeait-elle à en sortir par un coup d'éclat, capable d'asssurer sa fortune en la vengeant de son ennemi, et un plan audacieux germait dans sa cervelle. A l'encontre de son aînée, tout occupée à rassembler des alliés, elle ne comptait que sur elle-même et le pouvoir de ses charmes, mais le sourire malicieux, glissant sur ses lèvres roses, pendant qu'elle achevait de se vêtir sans l'aide de ses caméristes, disait clairement que c'était assez.

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