Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog du passé
15 décembre 2007

Noël il y a cent ans

Num_riser0015Les siècles se suivent, mais ils ne se ressemblent guère. Nous sommes à la soirée du vingt-cinq décembre 1790, au milieu d'une agitation politique qui ne se reverra peut-être plus... heureusement. Paris est encore à la joie, et les grands personnages qui remplissent le monde de leur importance révolutionnaire se sont retirés au second plan, laissant le premier aux promeneurs, aux baraques, aux enfants, aux badauds, à toutes ce mille industries qui vivent de la curiosité publique. Hâtons-nous, car la Convention va jeter les yeux sur ce spectacle animé ; hâtons-nous : cette reine de l'histoire, avec sa mine austère et renfrognée, va mettre en fuite le petit peuple ; et s'il essaie de ressusciter sous le Directoire, l'Empire l'effarouchera de nouveau : Napoléon, par un arrêté, rendra les boulevards au silence et à la solitude, c'est-à-dire au bon ordre, tel que l'entend un despote et un militaire.
Assurément c'était un spectacle intéressant que Noël dans les rues de Paris, en 1790 ; les modes étaient bizarres, mais d'une bizarrerie gracieuse et élégante, et leur grotesque même était de bon ton, à en juger par cette jolie maman que ne dépare point son immense coiffure. Le règne des soldats allait commencer : nous nous en doutons bien en voyant ce jeune garçon affublé d'un uniforme de garde-française, uniforme alors populaire. Ce bambin qui figure au premier plan, à gauche, c'est un pupille de la Nation, un orphelin, que la Nation habille en soldat ; il a conscience de cette haute situation, et il marche comme un tambour-major en tête de ses sapeurs, la main fièrement posée sur son petit bout de sabre.
Tout ce petit monde, y compris le jeune gandin à manchon de fourrure qui lorgne impertinemment, est orné de la cocarde  nationale, dont la jeune marchande au minois si futé porte à son bonnet un exemplaire de belle taille en offrant aux passants le choix de ses "tricolores" enrubannées. Les vendeurs d'orviétan, les charlatans (pour les appeler par leur nom, italien comme leurs produits), n'ont jamais manqué dans les rassemblements publics ; Noël, en 1790, avait donc les siens qui n'étaient ni moins criards, ni moins divertissants, ni moins entourés que les nôtres. Noël, en 1990, aura encore les siens, nous pouvons le prédire sans prétendre au don de prophétie. (et ma foi, il avait raison)
Nous aurions encore bien d'autres côtés piquants à signaler dans cette gravure, mais nous les laisserons chercher à nos lecteurs. Nous nous bornerons à leur dire que les détails n'en sont nullement imaginaires. M. Méjanel, qui voulu exécuter ce joli dessin, s'est librement et ingénieusement inspiré de matériaux contemporains, surtout des aquarelles de Debucourt, qui savait si bien trouver et marquer le trait caractéristique, sans jamais tombe dans la satire, la caricature ou l'allusion.

V. LEHOLLE

Publicité
Publicité
Commentaires
Le blog du passé
Publicité
Archives
Le blog du passé
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 449 906
Publicité