Les soldes en France : 5 août 1933
Le référendum commercial
Les affaires reprennent. Lentement, sans emballement, à pas mesurés... mais tout de même ! Peut-être, évidamment, ne reverra-t-on pas de sitôt les années de vaches grasses où un peuple innombrable, principalement féminin, se pressait dans les magasins, avide de se défaire, contre n'importe quel article, d'un papier-monnaie qu'il possédait en quantité et dont l'abondance nuisait à sa valeur. Peut-être ne sera-ce pas demain qu'un fonds de commerce pourra enrichir en deux ans, trois ans, parfois moins, son acquéreur et être revendu avec un gros bénéfice sur l'achat. Mais on reviendra tout bonnement à la vieille normale. On aura un mouvement d'affaires moins vif, mais plus profond ; des recettes moins copieuses, mais mieux assises ; des bénéfices plus modestes, mais aussi, plus durables. Le bas de laine sera plus long à se former, le coffre-fort demandera plus d'années pour devenir confortable. Les fortunes, plus laborieusement acquises, y gagneront, y gagneront en consistance comme par le bon vieux temps. "Ce qui vient de la flûte retourne au tambour !" Commerce et industrie n'auront rien à perdre, en somme, à s'éxercer, désormais, dans une atmosphère plus quiète et plus rationnelle que le vertigineux tourbillon financier qui a provoqué après tant d'illusions tant de déboires et tant de chutes.
En ces jours d'été qui précèdent les campagnes d'automne, le commerce un peu partout se recueille et se prépare. Dans l'arsenal de ses moyens il en est un qui de tous temps a été fertile en effets sur le public et, par suite, riche en résultats. C'est la vente de "soldes". Aucun autre n'attire davantage la foule toujours éprise d'occasions et heureuse de se procurer à frais réduits des objets qu'elle a le sentiment de payer à un prix inférieur à leur valeur courante.